Éducation environnementale dans les ecoles comment et pourquoi ?
Par Shneeder LINCIFORT
Jeune Éco Responsable
Durant ces dernières années, l’éducation à l’environnement a évolué considérablement. En passant d’une problématique de « Nature » à une problématique d’« Environnement ». Celle-ci s’est considérablement complexifiée, qu’elle soit appelée Éducation pour l’environnement, par l’environnement, relative à l’environnement ou à l’environnement, au développement durable ou vers un développement durable, cette éducation vise essentiellement à la formation d’individus conscients de la complexité et de la fragilité de leur milieu de vie.
Elle ne se résume plus seulement à éduquer pour protéger et respecter l’environnement mais elle devient une composante essentielle des programmes éducatifs, formant des individus aptes à agir et à participer dans un contexte local ou global en intégrant des compétences transversales à des finalités d’éducation à la citoyenneté, à la paix et au développement durable.

Aujourd’hui, partout en Haïti, des centaines d’écoles veulent se lancer dans des projets d’Education relative à l’environnement, c’est quoi exactement ?
L’éducation à l’environnement traite de la relation entre l’homme et son environnement. Elle intègre les approches des sciences de la nature et des sciences humaines et sociales en mettant l’accent sur la compréhension des interactions.
Cela dit, les connaissances environnementales de base, la compréhension des interactions socio-économiques et des écosystèmes, ainsi que le lien entre l’homme et la nature sont importants. L’éducation à l’environnement est axée sur les valeurs, car il s’agit de préserver les fondements naturels de la vie et d’amener les élèves à s’approprier des savoirs et des compétences qui les rendent aptes prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle. Elle permet aussi d’assurer aux élèves des chances égales d’émancipation sociale.
L’éducation à l’environnement questionne à partir d’enjeux environnementaux, les dimensions économiques et sociales du développement durable. Elle a pour but d’amener les individus et les collectivités à saisir la complexité de l’environnement tant naturel que créé par l’homme.
L’histoire de l’éducation relative à l’environnement s’ancre dans le siècle des Lumières, en France, au moment où se développa également l’éducation populaire. On trouve en effet chez Jean-Jacques Rousseau, dans Emile ou de l’éducation, une première trace de l’importance d’une éducation incluant la notion d’environnement. Rousseau y présente sa conception éducative, en évoquant les trois maîtres que sont la nature, les hommes et les choses. Si certains des préceptes énoncés par le philosophe peuvent paraître critiquables aux yeux de lecteurs et pédagogues du XXIème siècle, il fut toutefois l’un des premiers à considérer essentiel que l’élève soit amené à vivre la nature, à la sentir, à comprendre les liens entre son existence d’être humain et les rythmes de la terre.

L’environnement scolaire c’est « la relation dynamique entre les aspects psychologiques de notre expérience (c’est-à-dire nos pensées, nos émotions et nos comportements) et de notre expérience sociale élargie (c’est-à-dire nos relations, nos réseaux familiaux et communautaires, nos valeurs sociales et nos pratiques culturelles)

En s’engageant dans un nouveau projet éducatif, un enseignant peut ressentir le besoin de disposer de points de référence, qu’ils soient méthodologiques ou de contenu. Les témoignages, comptes-rendus de projets réalisés, pistes de réflexion, exemples d’outils pédagogiques, existent en grand nombre concernant l’ERE. Passons en revue quelques-uns de ces conseils, issus de la pratique de professionnels de l’éducation et plus spécifiquement de l’ERE Un premier élément concerne le fait qu’un projet d’ERE devrait idéalement sortir du cadre habituel de la classe et devenir, dans la mesure du possible, un projet de toute l’école. Le mot-clé ici serait « décloisonner ». Un projet de ce type constitue en effet une occasion rêvée pour travailler avec plusieurs niveaux mais aussi avec les différentes équipes travaillant dans l’école (enseignants, personnel de cuisine, d’entretien, etc.). Les élèves, mis en action, peuvent intervenir pour améliorer leur cadre scolaire, pour interpeller les plus petits, etc.
On crée ainsi des synergies et on utilise les compétences complémentaires, tout en renforçant la cohérence des actions. Ce décloisonnement permet également de ne pas limiter la sensibilisation à l’approche écologique de l’environnement, mais aussi, par exemple, d’en envisager les aspects économiques et sociaux. Mais, avant de se lancer dans un projet impliquant plusieurs groupes et un grand nombre d’élèves, nombreux sont ceux qui préfèrent réaliser d’abord des projets de petite taille. Le mot clé ici est l’expérimentation. Petit à petit, ils testent des collaborations avec des associations, utilisent des outils pédagogiques pertinents issus de structures variées, font intervenir des externes, etc. Progressivement, l’enthousiasme de l’un peut devenir facteur d’émulation pour d’autres.

Il importe toutefois également que les projets menés dans les écoles ne se limitent pas à la « gestion environnementale » mais aident les élèves à penser autrement leur rapport à l’environnement. L’écologie n’est en effet pas qu’une question de maîtrise technique, mais une réflexion sur les rapports entre nature, humanité et macro-système technique. Dans le cadre de cette réflexion globale, la dimension politique ne doit être ni contournée ni évitée. En fait, il est important que les petits gestes éco-citoyens appris à l’école lors de certains projets soient le point de départ d’une réflexion plus large, questionnant le comportement et les choix de chacun, à l’école et à la maison. Ces éléments sont résumés et complétés par Lucie Sauvé, professeur à l’Université de Montréal au Québec et spécialiste de l’ERE, lorsqu’elle formule ses grands axes de la pédagogie environnementale : partir de l’expérience concrète, privilégier une pédagogie de terrain, adopter une approche interdisciplinaire, favoriser l’implication active des apprenants, stimuler le travail coopératif et privilégier une orientation communautaire pour la résolution de problèmes environnementaux communautaires. Concrètement, où trouver des ressources, un appui ?
Signalons qu’un accord de coopération, signé en 2004 entre la Région wallonne et la Communauté française pour la promotion de l’ERE en Région wallonne, donne un fameux coup de pouce aux écoles qui le souhaitent en leur permettant de disposer de professeurs relais « environnement ».
L’Éducation Relative à l’Environnement (ERE) dans les écoles est à multiples facettes. Loin de se limiter aux enjeux pourtant déjà colossaux de la protection de la nature, elle constitue aussi une entrée pour exposer les élèves aux défis du monde actuel et offre la possibilité de développer une pensée véritablement systémique au sens des écoles, chez les jeunes. Tous les âges s’y prêtent, à condition d’y mêler les quelques ingrédients indispensables que sont la créativité, la cohérence et l’implication des élèves.

Dans les années à venir, il importera que le dialogue entre les différents acteurs (école, région, associations etc.) soit renforcé afin de créer des liens entre eux et accorder au mieux leurs aspects complémentaires. Il est nécessaire approfondir l’adaptation de l’offre associative et institutionnelle aux besoins des enseignants et des écoles. Par exemple, les animations devraient être mieux intégrées dans les contenus pédagogiques, et tenir compte des contraintes liées à l’organisation scolaire.
En d’autres termes, il s’agira d’articuler les objectifs pédagogiques aux objectifs sociétaux.
Principales sources :
1. https://www.education21.ch/fr/edd/approches/education-a-l-environnement
3. https://journals.openedition.org/rdst/869