Pour une participation de la jeunesse dans les organes de la transition
Depuis le 26 mars 2024, l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne a lancé un plaidoyer auprès des acteurs politiques et de la société civile pour une meilleure prise en compte de la jeunesse dans le processus de transition en cours. Par conséquent, une correspondance a été envoyée au Conseil Présidentiel de Transition.
Ne laissez personne de côté, Principe des Nations Unies
Madame, Messieurs les Membres du Conseil,
L’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne (OJH) prend acte de la constitution du Conseil Présidentiel de Transition et salue l’engagement de ses membres. Servir la Mère-Patrie dans un contexte aussi difficile témoigne de votre intérêt pour la cause nationale. Par la même occasion, l’Observatoire tient à rappeler au Conseil la nécessité de tenir compte des aspirations des jeunes et de leur participation dans les mécanismes de prise de décision de la Transition. La conjoncture est certes inédite, mais l’inclusion de tous les secteurs peut en faire une opportunité historique de redressement national.
Forte de sa représentation nationale, soit de 214 structures de jeunes partenaires au niveau des 10 départements et de sa position stratégique, l’Observatoire est, en Haïti, un point focal sur les questions touchant la participation politique des jeunes dans la vie publique. Auprès de nombreux acteurs étatiques et internationaux, OJH est un organisme de la société civile haïtienne de premier plan ayant contribué à la formulation et la mise en œuvre de politiques d’intégration des jeunes. Ce, dans l’objectif de faire des jeunes des acteurs du présent et du futur.
Consciente des défis sécuritaires, économiques et sociaux qu’il incombe à la nouvelle équipe dirigeante de relever durant la transition, notre organisation croît nécessaire d’attirer l’attention du Conseil sur certaines dispositions adoptées par Haïti visant à garantir la participation politique des jeunes, par la médiation de structures organisées et de mécanismes de prise de décision efficaces. D’ailleurs, plusieurs résolutions prises par des partenaires internationaux, qui ont joué un rôle significatif dans la mise en place du Conseil, précise sans équivoque la pertinence de l’implication des jeunes dans le processus. Et ce, pour gommer les manquements de certains accords qui ont précédé celui qui légitime le CPT, tels l’Accord du 30 Août, dit de Montana, et celui du 11 septembre 2021, à l’égard du secteur de la jeunesse. En ce sens, un rapport d’analyse produit en octobre 2021 par l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne présente cette situation.
Porté par cet idéal d’inclusion des jeunes, l’Observatoire souligne à l’attention du Conseil que deux résolutions majeures, de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et l’Organisation des États Américains (OEA), demandent aux acteurs de prendre en compte la participation des jeunes. Il s’agit de :
- La Résolution de 2699 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (ONU) adoptée en 2023 au paragraphe 12 Réaffirme la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de continuer, notamment avec l’appui du BINUH, de faciliter un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens qui permette l’organisation d’élections présidentielles et législatives libres et régulières, avec la participation pleine, égale et véritable, en toute sécurité, des femmes et la participation des jeunes, de la société civile et des autres parties prenantes concernées, au moyen d’un dialogue national associant toutes les parties haïtiennes
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- La résolution de l’Organisation des États Américains (OEA) adoptée en 2024 au Point 7 Réitère l’importance du soutien à l’endroit de toutes les parties prenantes haïtiennes et du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), pour continuer à faciliter un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens afin d’organiser des élections législatives et présidentielles dans le cadre d’un processus crédible avec la participation pleine, égalitaire, significative et sûre des femmes et l’implication des jeunes, de la société civile et d’autres parties prenantes concernées.
Dans la même idée, d’autres instruments juridiques internationaux faisant corps au corpus juridique haïtien traitent de la participation politique des jeunes. À ce titre, on peut citer :
- La Résolution 2250 des Nations Unies sur la jeunesse, la paix et la sécurité adoptée en 2015 qui exhorte, en son article Premier, « Les États Membres à examiner les moyens d’accroître la représentation inclusive des jeunes à tous les niveaux dans les instances de décision des institutions et dispositifs locaux, nationaux, régionaux et internationaux (…) »
- La Résolution sur la « Participation des jeunes au processus démocratique » adoptée par l’Union Inter Parlementaire, en 2010 signée par Haïti qui appelle, en ses articles 1 et 7 « Les États à prendre des mesures appropriées, conformément au Programme d’action mondial des Nations Unies pour la jeunesse, et à élaborer, en consultation avec les organisations de jeunesse, des politiques nationales globales et intégrées en faveur des jeunes. (…) À redoubler d’efforts pour permettre une représentation suffisante des jeunes dans les organes de décision. »
- La Conférence Internationale sur la Population et le Développement, où Haïti s’est engagée, au Premier Point, à garantir l’existence d’un cadre normatif, réglementaire soucieux des besoins spécifiques de la jeunesse et qui favorise la pleine participation, l’implication, la promotion et le leadership des jeunes filles et garçons dans toutes les questions sociétales. (…) Il est important qu’ils soient parties prenantes dans l’élaboration des politiques publiques et la mise en œuvre des programmes qui les concernent dans tous les secteurs sans exception dans l’esprit de contribuer à la paix, la stabilité, la sécurité et le développement du pays. En d’autres termes : « Rien pour les jeunes sans les jeunes »
- Le Programme d’action de Doha des pays les moins avancés adopté et approuvé en 2022 par l’Assemblée générale de l’ONU soutient, au Point 66, l’objectif d’Accroître la participation des jeunes et leur inclusion dans les processus de prise de décisions (..) et s’engage au Point 67 à renforcer les mécanismes de participation des jeunes afin de faciliter leur mobilisation effective, s’agissant en particulier des jeunes femmes et des jeunes en situation de vulnérabilité, sur la base de politiques.
Aussi importe-t-il de souligner, Madame/Messieurs les membres du Conseil Présidentiel que le Cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement Durable en Haïti adopté en 2023, et couvrant la période 2023-2027 prévoit dans les Priorités stratégiques #1, Plusieurs étapes sont nécessaires pour consolider et renforcer le processus démocratique. (…) Ce processus devra reposer sur un dialogue national continu et inclusif parmi toutes les parties prenantes, y compris la société civile, la classe politique, le secteur privé, les autorités nationales, avec la participation pleine, égale et réelle des femmes et des jeunes.
Depuis près de dix (10) ans, l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne (OJH) s’engage pour l’effectivité de la participation politique des jeunes en Haïti. Il se réjouit du fait qu’il ait pu contribuer à l’adoption par Haïti de plusieurs engagements en matière participation politique. Ainsi, son plaidoyer s’inscrit dans la continuité de ses travaux.
Ainsi, Madame/Messieurs les membres du Conseil Présidentiel, cette démarche de l’Observatoire vise à garantir la prise en compte des jeunes dans les processus de décisions, conformément aux engagements internationaux pris par Haïti et au Principe Ne laissez personne de côté adopté par les États Membres des Nations Unies. Et ce, à deux (2) niveaux :
- La représentation du SECTEUR DE LA JEUNESSE dans tous les organes qui seront ouverts à la société civile ;
- L’adoption et la mise en œuvre d’initiatives et de politiques publiques ciblant particulièrement la jeunesse à partir de la formule « Rien pour les jeunes sans les jeunes »
Plus de 65% de la population est présentement âgée de moins de 35 ans, donc jeune. L’exclusion et la vulnérabilité socioéconomique de cette catégorie sociale fait d’elle une réserve abondante pour les artisans de l’instabilité et de la violence. Par conséquent, il s’avère évident que la réussite de toute transition présentement en Haïti, tout au moins, tout projet de développement durable ne peut passer outre de la participation des jeunes dans les mécanismes de prises de décision et des politiques publiques à l’égard de ce pan important de la population.
En annexe à la présente, vous trouverez, Madame/Messieurs les membres du Conseil Présidentiel, un rapport d’analyse de la place accordée à la jeunesse dans les récents accords et un document sur certains engagements de l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne.
Madame/Messieurs les membres du Conseil Présidentiel,
Dans l’espoir que vous vous mettrez à la hauteur des exigences de l’heure, car la jeunesse n’en peut plus et que vous prendrez toutes les dispositions pour garantir la participation politique effective des jeunes, l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne (OJH) vous prie de recevoir les salutations les plus distinguées.
Observatoire de la Jeunesse Haïti : Représentant de la jeunesse haïtienne au Groupe de Référence Multi-acteurs du Cadre de Coopération des Nations Unies pour le développement durable en Haïti (2023 – 2027)
C.C :
- Premier Ministre a.i Patrick BOISVERT
- Présidente du Conseil de Sécurité des Nations Unies, Mme Vanessa FRAZIER
- Secrétaire Général de l’OEA, M. Luis ALMAGRO
- Président de la CARICOM, M. Mohamed Irfaan ALLI
- Cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti BINUH, Mme. María Isabel SALVADOR
- Coordonnatrice Résidente des Nations Unies en Haïti, Mme. Ulricka RICHARDSON
- Parties prenantes des Accords politiques
- Société civile haïtienne
- Presse